15/08 Au camping Steiner's à Johannisholm en Suède.

 

 

  Les retrouvailles    Ramassage de myrtilles sauvages

                                  

Un bon burger avec de la viande d’élan et des grosses frites accompagné de bière locale au restaurant du camping. Pas très différent du goût du bœuf à part qu’il y a beaucoup moins de gras. On se régale.

Juste après, départ pour la pêche avec un bateau alu motorisé d'un Mercury. Ce coup-ci on amène l’épuisette qui nous avait fait défaut lors de notre pêche précédente. Deux brochets ratés.

Nous allons directement sur notre coin de pêche de la veille car beaucoup de touches et prises (perches et brochets).

Nous évoluons dans un chenal profond et étroit, ce qui laisse moins d’espace pour le poisson.

Des va et vient du bout du chenal à l’intersection d’une rivière qui arrive d’un peu plus haut ce qui forme un petit courant.

Beaucoup d’algues et rochers dans ce coin mais c’est là qu’il y a le plus de poisson bien sûr.

Rien à faire, aucune touche après 5 ou 6 passages, pourtant les moucherons virevoltent au-dessus de l’eau. Nous décidons donc de faire un dernier aller-retour.

Clément conduit d’une main de maître notre barque, la vitesse est au poil car le bout de nos cannes tremblote ce qui indique que le leurre nage bien et surtout vibre comme il faut.

A moitié chemin en remontant le canal, mon moulinet se met à chanter, mon fil se dévide. On se demande tous si je n’ai pas accroché.

Et non, je sens des coups de tête et une augmentation de la sortie du fil.

Clément arrête le moteur et le moulinet chante de plus belle par à-coup.

C’est un beau morceau car je ressens du poids au bout. Surtout pas de mou, je ressers mon frein d’un chouïa.

On y est, l’adrénaline commence à monter quand on voit l’engin se rapprocher. Il se glisse dans l’eau avec une aisance qui fait froid dans le dos, c’est un monstre.

Le soir est tombé et laisse la nuit nous envahir. Je le fatigue en le ramenant, le laissant partir, sonder, revenir etc…. Ma canne se plie, s’arque boute, il passe sous le bateau à plusieurs reprises.

Enfin la sensation que j’ai connu en Afrique lors de mes pêches me submerge et je voudrais que ça dure des jours tellement c’est bon. Je fais durer ce plaisir. Je sens qu’il est bien accroché.

Il arrive tout près du bateau, Clément s’empare de l’épuisette.

En voyant le monstre, il prend peur mais ne se démonte pas. 

Il réussit à mettre la tête du brochet dans les mailles de l’épuisette mais elle est trop petite et commence à se plier de part en part. La bête repart dans un bouillonnement et nous avons tous cette peur qu’il se décroche.

Une seule solution, se rapprocher du bord. Le brochet fatigué de lutter nous suit un peu comme un toutou qu’on tiendrait en laisse. Je fais tout pour qu’il ne ressente aucune secousse.

Ce n’est pas gagné !!!

On est tous excités. Clément nous rapproche du bord. Je saute avec la canne et le brochet au bout du fil. Michel s’empare de l’épuisette tandis que Clément attrape la rame pour essayer une fois au bord de le projeter sur la berge.

Dans la nuit, je réussis tant bien que mal à le rapprocher le plus possible.

Michel lui bloque le passage et le pousse vers le bord mais l’épuisette ne suffit pas. Clément, les pieds dans l’eau pousse la bête avec sa rame.

Le brochet dans l’élan finit sa course dans les pieds de Michel qui s’écarte au plus vite quand on sait qu’il a près de 700 dents.

Je n’ai jamais autant ri en voyant ce spectacle, digne d’un scénario d’aventure et burlesque à la fois. 

Clément s’approche du brochet et le frappe de plusieurs coups à la tête de peur qu’il retourne à l’eau.

Je récupère mon gant, l’attrape par les ouïes mais il se débat de nouveau. Il tombe, le récupère mais Il est hyper lourd. J’ai du mal à le tenir à bout de bras.

Séance de photo avant de le mettre à l’avant du bateau. Il prend toute la largeur, on l’estime donc à plus d’un mètre. Il est temps de le débarrasser du rappala orange fluo dans sa gueule. Il était bien accroché heureusement.

  

On arrive au campement à fond la caisse. Il doit être 22h30. Les patrons ne dorment pas encore et l’on s’empresse de montrer notre belle prise. Clément le porte à bout de bras et à deux reprises, il se remet à bouger et finit sur le carrelage (Deux carreaux et demi en 40) devant le restaurant.

On reçoit tous les conseils pour définitivement lui enlever la vie en lui coupant la jugulaire derrière les ouïes. C’est Clément qui prend le poste de chirurgien. Comme assistante, je me charge de le vider en pensant récupérer le leurre que j’avais perdu la veille. Je retire les viscères et le cœur bat encore. On nous explique que c’est normal et qu’il peut battre quelques minutes encore. Je le prends au creux de ma main, ça me fait mal au mien. Avoir pris la vie même d’un brochet me donne quelques remords.

Clément me dit que dans leur tradition en Suède, il faut manger le cœur. Je m’empresse donc d’exécuter ce geste. Le cœur coincé entre les dents, il se met à rire en marmonnant « mais non c’est pour rire ».

Pour ceux qui me connaissent, je serai allée jusqu’au bout…Hum Charallll

Un gros rinçage et au frigo tel un cadavre dans son sac en plastique noir.

Je procèderai à l’autopsie demain (voir photos des belles tranches).